Effroyables jardins

Un très bon film toujours juste qui oscille entre comédie et drame. Tous les acteurs sont justes et apportent une humanité au récit. Jacques Villeret est parfait pour le rôle de Jacques Pouzay. C'est un film qui ne s'oublie pas...

Signé du cinéaste français Jean Becker, Effroyables jardins n’est pas une petite comédie dramatique anecdotique comme on en voit tant. Ici, le film relève l’ambitieux défi de montrer la bêtise de la guerre en employant l’humour et la tendresse. Prenant pour cadre la campagne française sous l’Occupation, Jean Becker filme les aventures de personnages simples et naïfs confrontés à une situation extraordinaire pour avoir voulu épater la Dame qu’ils en aiment en s’improvisant Résistants. Après un début mouvementé qui rappelle « La grande vadrouille » et « La septième compagnie », où Jean Becker suggère qu’il se cache en chacun de nous un héros potentiel, le récit bascule dans le drame. Car ironiquement, suite à leur action spectaculaire qui a eu le don d’irriter les nazis, Jacques et André font partie des quatre individus sélectionnés au hasard par les troupes allemandes pour amener les Résistants à se dénoncer. Un comble pour ces grands enfants que personne ne soupçonne ou ne croit capable d’un tel acte de courage… Heureusement, la longue scène de captivité ne verse jamais dans les larmes, elle ressemble davantage à un moyen pour les quatre hommes de se connaître à travers des dialogues savoureux. Mensonges, non-dits, espoir et remords se succèdent dans un contexte tendu mais toujours édulcoré par la prestation remarquablement juste de la distribution. Entre le cabotinage de Thierry Lhermitte et d’André Dussolier, le jeu bonhomme et attendrissant du regretté Jacques Villeret et la fougue de Benoît Magimel, « Effroyables jardins » traduit assez bien la complexe diversité de l’être humain face à une telle situation. En grand sage, à travers l’apparition de ce soldat allemand déguisé d’un nez rouge et qui s’amuse à distraire les villageois en signe de désaccord avec les directives de l’armée, Jean Becker clôt son film en délivrant un message d’amour, d’espoir et de paix. Comme quoi, le petit Julien mal dans sa peau d’adolescent a eu bien raison d’être le prétexte de ce long flash-back fort en émotions…