Titre VO : District 9
Un film de Neill Blomkamp avec Sharlto Copley , Jason Cope , William Allen Young , Robert Hobbs , Kenneth Nkosi
Genre : science fiction - Durée : 1h50 - Année de production : 2009
Date de sortie cinéma : 16 Septembre 2009
Distributeur :
Il y a trente ans, des extraterrestres entrèrent en contact avec la Terre... Les humains avaient tout imaginé, sauf ce qui se produisit. Les extraterrestres n'étaient venus ni nous attaquer, ni nous offrir un savoir supérieur. Ces visiteurs d'au-delà des étoiles étaient des réfugiés, les derniers survivants de leur monde. Ils furent temporairement installés dans le District 9, en Afrique du Sud, pendant que les nations du monde se querellaient pour savoir quoi en faire. Depuis, la gestion de la situation a été transférée à la MNU (Multi-National United), une société privée qui n'a pas grand-chose à faire du sort de ces créatures, mais qui fera d'énormes bénéfices si elle arrive à faire fonctionner leur extraordinaire armement. Jusqu'à présent, toutes les tentatives ont échoué : pour que les armes marchent, il faut de l'ADN extraterrestre. La tension entre extraterrestres et humains atteint son maximum lorsqu'un agent de terrain du MNU, Wikus van der Merwe, contracte un mystérieux virus qui se met à modifier son ADN. Wikus est à présent l'homme le plus recherché de la planète, celui qui vaut plus qu'une fortune : il est la clé qui permettra de percer le secret de la technologie alien. Repoussé, isolé, sans aide ni amis, il ne lui reste qu'un seul endroit où se cacher : le District 9...
Apparemment en 2009, il fallait être un jeune réalisateur prometteur d’un court-métrage avec le chiffre 9 dans le titre pour se faire remarquer par un de ses prestigieux pairs. Après Shane Acker dont le Numéro 9 a été produit par Tim Burton, voici l’un des films les plus attendus à Deauville cette année, District 9 du Sud-Africain Neill Blomkamp avec la caution de Peter Jackson himself.
La grande originalité du film réside dans sa structure même : Blomkamp tourne son scénario d’invasion extraterrestre sous la forme d’un documentaire ultra-réaliste, cette histoire de vaisseau spatial stationnant littéralement au-dessus de Johannesburg en devient totalement crédible. Justement, une autre idée ingénieuse est  d’avoir situé son film dans un pays en proie aux conflits raciaux, l’Afrique du Sud. La ghettoïsation des aliens dans un bidonville sordide surveillé par l’armée et leur possible déportation vers ce qui ressemble étrangement à un camp de concentration n’est pas sans rappeler l’histoire douloureuse de l’apartheid.
Petit à petit, vers le milieu du métrage, le reportage à la Envoyé Spécial se transforme en une vaste chasse à l’homme barbare à la violence totalement gore et décomplexée. Les dernières vingt minutes viennent également rappeler de manière assez flagrante que le réalisateur avait planché plusieurs mois sur une adaptation ciné du jeu vidéo culte Halo. Neill Blomkamp adresse aussi de sympathiques clins d’œil aux geeks avisés (pour n’en citer qu’un, un mouton qui vole qui n’est pas sans rappeler Bad Taste signé d’un certain… Peter Jackson)
Côté casting, il a probablement fallu du courage et beaucoup de persuasion pour imposer des acteurs totalement inconnus dans un tel blockbuster futuriste – même si le budget de District 9 est très éloigné des standards hollywoodiens en la matière. Mais il y a fort à parier que l’on reparlera très vite du débutant Sharlto Copley, absolument bluffant dans un rôle principal dur et physiquement éprouvant (et ce dans tous les sens du terme).
Ultime pied de nez, District 9 se termine comme il a commencé : de manière sérieuse et documentaire avec, comme dans presque tout film qui raconte une histoire vraie, des explications écrites du devenir des différents personnages. Même si le film se suffit entièrement à lui-même, il n’est d’ailleurs pas absurde d’imaginer une ou des suites à ce premier opus prometteur et plutôt jouissif. Espérons juste qu’elles seront d’un calibre différent que celles données à Starship Troopers auquel le film fait parfois penser dans le discours et la méthode.
Emmanuel Pujol
Le District 9 est un quartier où sont parqués des étrangers dans la ville de Johannesbourg, Afrique du Sud. Physiquement différents, ces étrangers deviennent des exclus sociaux vivant dans un bidonville où la pauvreté, la violence, la corruption, l'alcool, la drogue, s'y sont installés tout naturellement. Ce la vous rappelle l'Apartheid ? Normal, Neill Blomkamp, le petit protégé de Peter Jackson, reproduit le climat déliquescent qui régnait pendant que Nelson Mandela croupissait en prison. A la différence que la communauté noire est ici remplacée par une peuplade extra-terrestre dont le vaisseau est tombé en rade au-dessus de la ville. L'occasion pour le néo-cinéaste de proposer un début de réflexion sur la notion d'Etranger, avant de livrer un film d'action parmi les plus excitants de ces dernières années.
Dans sa première partie, Blomkamp s'attache à décrire la vie des Mollusques (le petit nom que les autochtones leur ont donné, schématisant leur particularité physique, à fort relent raciste) dans leur camp, en alternance avec le point de vue des autorités locales et du peuple sud-africain. Petit à petit, le montage alterné et le tournage 'documentaire' laissent place à un traitement plus cinématographique, dès lors que la confrontation entre le héros (un bureaucrate couard) et les ET se fait frontale. L'étau se resserre autour d'une poignée de personnages dans les deux camps, les enjeux ayant été posés avec une économie de temps et de moyens remarquables. C'est à ce moment que le spectateur prend fait et cause pour les 'mollusques', brimés selon des méthodes douteuses par les humains ; à ce moment également que District 9 change de direction, et de faux-documentaire socio-politique devient un pur film d'action.
Changement de climat, de forme, d'objectif : le traqueur devient le traqué et l'empathie est totale envers Wikus (exceptionnel Sharlto Copley), intelligemment relayée lors de séquences intimes avec sa famille, habile parallèle avec sa position au sein du District 9. Blomkamp y ajoute un soupçon d'ironie, soulignant ainsi l'aisance avec laquelle le bourreau peut devenir victime, le menaçant menacé. Cependant le message glisse en arrière-plan pour livrer une course contre la montre/mort, au rythme haletant, spectaculaire, qui permet au réalisateur et à son producteur de mettre en scène une adaptation du jeu vidéo Halo (le premier projet avorté des deux hommes). Pus encore, le cinéaste rend hommage à l'univers de James Cameron en intégrant à son final un mecha (vu dans Aliens, Abyss, et revu dans Avatar), de manière à prolonger le discours de Big Jim sur la relation de l'homme à la machine, de l'homme à une nouvelle chair (expression empruntée pour le coup à Cronenberg).
District 9 constitue un excellent divertissement, qui se targue d'un message, certes pas totalement abouti dans la forme, mais puissant, actuel, universel. Incroyablement réaliste, impliquant, l'oeuvre nous laisse le souffle coupé, impatient de découvrir la prochaine bombe de Neill Blomkamp.
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