Titre VO : Deux jours à tuer
Un film de Jean Becker avec Albert Dupontel , Pierre Vaneck , Francois Marthouret , Mathias Mlekuz , Samuel Labarthe
Genre : drame - Durée : 1h25 - Année de production : 2008
Date de sortie cinéma : 30 Avril 2008
Distributeur :
Antoine Méliot, la quarantaine, a tout pour être heureux : une belle épouse, deux enfants adorables, des amis sur lesquels il peut compter à tout instant, une jolie demeure dans les Yvelines et de l'argent. Mais un jour, il décide de tout saboter en un week-end : son bonheur, sa famille, ses amis. Que s'est-il passé chez cet homme pour qu'il change si étrangement de comportement ?
Albert Dupontel, grande figure du cinéma français, transcende le spectateur par son charisme incroyable sur tous les plans. "Deux jours à tuer" le met en scène sous une forme qu'il connaît très bien via les études qu'il avait entrepris dans sa jeunesse : la médecine. Evitons le spoil, vous verrez par vous-même le rapprochement. Il est l'incarnation même de la vie parfaite : cadre supérieur, une femme et des enfants aimants, et des amis qui sont là pour lui. Cependant, il va subitement changer d'attitude et va se mettre à mépriser tout le monde pour une raison inconnue. Un film qui remue le spectateur dans ses émotions, et qui se termine en apogée sentimentale. La mise en scène laisse paraître un décalage entre les émotions et les personnages, qui permet un certain malaitre.
Moins d’un an après la sortie de « Dialogue avec mon jardinier », voici que débarque le nouveau Jean Becker, « Deux jours à tuer », une nouvelle fois tiré d’un roman. L’histoire est simple : Antoine, la quarantaine, publicitaire accompli et épanoui, décide de tout lâcher, tout saboter. Pourquoi ? C’est là tout l’enjeu du film et précisément aussi là toute la déception du scénario. Et même frustration tant l’issue est évidente, tant on n’arrive pas à croire que le réalisateur va oser nous infliger cette fin attendue et tellement bien-pensante. On aurait tant voulu être surpris plutôt qu’ému (et encore l’émotion est assez factice)
La première heure est pourtant un joyeux et fascinant jeu de massacre dans lequel on ne reconnait pas les habitudes pastorales et bucoliques de Jean Becker. Antoine ne recule devant rien pour briser son bonheur, pour dégoûter de lui tous ceux qui l’aiment. La scène du diner est d’une cruauté jouissive tant parfois on se dit que les faux semblants et l’hypocrisie nous engoncent tous. La suite rassure quand à la constante du réalisateur mais déroute le spectateur : quel dommage de prendre l’autoroute du pathos après ce chemin déviant, cahoteux mais réussi du cynisme assumé.
Heureusement, il y a Albert Dupontel, toujours aussi bluffant et talentueux. Il donne à Antoine toute sa force, toute son énergie, toute sa folie. A ses côtés, Marie Josée Croze et Pierre Vaneck (qui figurait déjà au générique du premier film de Becker, « Un nommé la Rocca » voilà 47 ans !) font presque pâle figure.
Comme pour son précédent film, ce sont d’ailleurs les interprètes qui permettent au film de réellement exister. Sans eux, on n’aurait pas été surpris de voir ces fictions diffusés un samedi soir sur France 3. Car Jean Becker est incontestablement un très bon faiseur de téléfilms. La durée de « Deux jours à tuer » le confirme : 1h25 à peine et encore on se serait bien passé de la 2eme partie irlandaise.
Au moins, Jean Becker peut être sur d’une chose : ses détracteurs continueront à éviter ses films, ses fans se réjouiront de ce nouvel opus. Les autres (dont je fais partie) se diront qu’un an, c’est un peu court pour accoucher d’un bon film digne de ce nom.
Deux Jours A Tuer est mauvais en tout : le jeu des acteurs est tellement pitoyable qu'on croit à une farce pendant les premières minutes du film, le scénario est désolant, la démonstration de détestabilité de Dupontel n'a absolument aucun sens, le peu de morale de l'histoire est écoeurant... Bref, c'est faire trop d'honneur à Becker que de parler longuement de son dernier film. Donc je me tais.
Antoine a tout pour être heureux. Une belle femme qui l'aime, deux enfants adorables, un travail qui rapporte, une belle et grande maison. Mais attention, Antoine est un gros rebelle, et il va dire merde à son job, merde à sa famille, merde à ses amis. Pour aller pêcher à la mouche et se retrouver un peu avec lui-même, merde quoi c'est vrai. Deux jours à tuer est donc une sorte d'Into the wild version béret-baguette, un monument de subversion pour personnes du quatrième âge, un surréaliste navet faisant passer les précédents films de Jean Becker (soit que des publicités géantes pour Saint-Morêt, et souvent même pire) pour de puissants chefs d'oeuvre. Tout y est détestable, sauf ce que Becker voudrait faire passer pour détestable. Tout y est laid, con, creux, puant, à tel point que même le plus méchant des méchants critiques ne pourrait pas rendre hommage à ce film à sa juste valeur. Ça avait évidemment très peu de chances d'être bon : Jean Becker est sans doute le plus mauvais cinéaste français en activité, voire même le plus dangereux, nourrissant régulièrement les foules d'atmosphères rances et nostalgiques, très travail-famille-patrie, et d'odes à la France qui se lève tôt et ne se plaint pas. On devine qu'il a envisagé Deux jours à tuer comme un contrepied géant, une sorte de doigt d'honneur au monde, une grosse tarte à la crème bien dérangeante tout droit dans le nez des bien-pensants. D'où l'idée lumineuse d'engager Albert Dupontel, acteur-réalisateur autrefois fréquentable, et qui passe désormais son temps à gâcher son talent et à apprendre aux gens (derrière la caméra, sur les plateaux télé et ailleurs) ce qu'est la vraie vie et comment il faut vivre. Cet insupportable donneur de leçons livre une prestation en tous points conforme à ce que souhaitait Becker : ouh qu'il est vulgaire, ouh qu'il est méchant, même qu'il maltraite les femmes et méprise ses enfants (heureusement il est gentil avec les chiens). Qu'on ne s'inquiète pas, la rédemption arrivera bien assez tôt, au terme d'un film heureusement assez court (mais déjà trop long). "Ça commence comme un Sautet qui dérape et ça continue comme un Becker au mieux de sa forme" : c'est Dupontel qui le dit, au gré d'innombrables séances de promotion et de prêchi-prêcha sur nos vies de con. Il faut vraiment ne rien avoir compris au cinéma pour pouvoir affirmer cela haut et fort et sans honte. Le "dérapage" évoqué par Dupontel atteindra son climax avec une longue scène de dîner au cours de laquelle Becker, se prenant pour Haneke, tentera d'aller toujours plus loin dans le malaise. En fait, c'est plutôt à une exploration du potentiel de consternation du spectateur que se livre le pseudo-cinéaste : mais jusqu'où ira-t-il dans le pathétique, les réflexions creuses, la provoc à deux balles ? Loin, très loin. Le pire, c'est que le dernier quart d'heure du film (très différent mais aussi mauvais, formant un ensemble bien homogène avec la première partie) semblera justifier ce ramassis de conneries auprès des plus influençables. Alors que rien, mais alors rien, ne peut justifier un tel film. Sauf une envie de relancer ces si jolies idées que sont le poujadisme, le retour aux vraies valeurs et autres leitmotivs de Philippe de Villiers et Alain Madelin. Dommage que les notes négatives n'existent pas.
Comme toujours Jean Becker filme la nature de façon simple et impressioniste, il réussit à restituer le calme de l'Irlande, la beauté sauvage et la lumière si partuclière des grands espaces. Albert Dupontel réussit à donner une incroyable complexité à son personnage qui pour lui est plus simple que de faire rire comme il dit lors de l'avant-première que j'ai assistée. Si le tendre personnage et sympathique se transforme en soudain en brute, c'est pour mieux protéger son entourage. En sortant du film on se dit que face à son destin il ne faut oublier d'être soi.
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