
Une réunion de famille sur les terres du grand-père où l'on comprend très vite qu'un conflit l'oppose aux « nomades » qui habitent
derrière la colline. L'insécurité s'installe à l'image, mais provient-elle vraiment des nomades, de la paranoïa, de la folie des personnages ou le danger vient-il des ressentiments qu'ils ont entre eux ?
Pour son premier film,
Emin Alper réussit à rendre cette menace palpable grâce à quelques scènes prenantes : l'éboulement, la baignade, le massacre des arbustes, le sacrifice d'une chèvre. L'assommant décor que constitue le pied de ces montagnes turques prend d'office une part considérable dans la dramaturgie de ce qui ressemble à une tragédie grecque. Plusieurs éléments prennent en effet une dimension symbolique.
Le dépaysement est assuré, d'autant que les personnages sont filmés comme dominés par les collines ou les peupliers. Un grand travail sur le son restitue aussi cette atmosphère, en particulier ces coups de feux qui font écho. De cette façon, il parvient à rendre une simple ferme angoissante.

Au vu du thème, impossible de ne pas penser au récent et marquant
Take shelter de
Jeff Nichols, où une inquiétante météo exprimait l'état d'âme du protagoniste dans un monde obsédé par la menace terroriste. Le danger vient-il finalement de l'intérieur ? L'Homme est-il son propre ennemi ? Malheureusement,
Derrière la colline ne parvient pas à créer de l'empathie pour cette famille qui permettrait au spectateur de s'identifier à des problèmes inhérents à la Turquie, le conflit avec le peuple kurde notamment. Résultat, l'ambiance peine à se transformer en suspense. Les situations sont intéressantes mais le rythme trop soporifique, les silences trop étouffants. Malgré des acteurs convaincants, malgré la progression de la menace, l'histoire ne parvient pas à emmener les spectateurs dans ses mystères jusqu'à la fin, et le doute s'efface. L'ambiance, à force d'être seulement gênante, finit par ennuyer.