De l'eau pour les éléphants

De l'eau pour les éléphants, quel cirque…

Après deux films fantastiques (Constantine et Je suis une légende), Francis Lawrence change complètement de registre. Seul point commun avec ses deux précédents long-métrages ? Il s'agit encore d'une adaptation littéraire, en l'occurrence ici du roman éponyme signé Sara Gruen.

Ce titre assez énigmatique ne cache pas un plaidoyer vibrant sous forme de documentaire pour la sauvegarde d'une espèce en danger d'extinction mais un film d'aventures à l'ancienne raconté sous forme d'un long flash-back, une fresque romanesque sur la vie d'un immense cirque aux Etats-Unis pendant la Grande Dépression. On pense inévitablement à Sous le plus grand chapiteau du monde de Cécil B. DeMille avec rivalités masculines, tensions amoureuses et difficultés financières au milieu des animaux, des acrobates et des clowns.

Les us et coutumes bien particuliers d'une telle troupe sont présentés à travers les yeux de Jacob (Robert Pattinson dont le charisme n'a certes rien à envier à celui d'une endive mais qui s'en tire plutôt pas mal dans le rôle du jeune naïf aux illusions encore intactes), jeune homme qui se retrouve ruiné suite au décès soudain de ses parents. Une nuit, épuisé, alors qu'il suit les rails de chemin de fer, il monte dans un train qui va changer sa vie : le voilà propulsé dans un monde étrange, à la fois magique et violent, celui du cirque Benzini dirigé par un homme passionné mais à la poigne de fer et à la sacrée descente, August (Christoph Waltz, inquiétant de dualité), qui partage la vie de la belle Marlène (Reese Witherspoon dont il n'y a vraiment pas grand-chose à dire). Évidemment, ça ne pouvait pas rater, Jacob va avoir la malheureuse idée de tomber éperdument amoureux de Marlène.

Passion, drame, jalousie vont se mêler au quotidien déjà bien rempli des forçats du cirque. Car, pour faire revenir les spectateurs, August va prendre une décision qui va accélérer le rapprochement de Jacob et Marlène : acheter un éléphant. Rosie (de son vrai nom Tai) est un pachyderme immédiatement attachant : Jacob en tant que vétérinaire va devoir soigner et dresser Rosie que Marlène l'écuyère acrobate montera pour le numéro vedette du cirque…

La reconstitution de ce cirque dans les années 30 est très réussie, indéniablement. Malheureusement, elle est aussi beaucoup trop lisse, trop propose, l'odeur de sueur ne transpire jamais à l'écran. C'est du grand spectacle qui se laisse gentiment regarder d'un œil mais qui s'oublie aussi sec. Pour un vrai choc sous un chapiteau, mieux vaut donc attendre l'affrontement homérique de deux clowns dans Balada Triste de Trompeta, le film coup de poing de l'iconoclaste Alex de la Iglesia prévu dans les salles françaises le 22 juin.

Emmanuel Pujol
 

 le 16 Juillet 2014 par thedid1