Titre VO : Crazy Heart
Un film de Scott Cooper avec Jeff Bridges , Colin Farrell , Robert Duvall , James Keane , Paul Herman
Genre : drame - Durée : 1h51 - Année de production : 2009
Date de sortie cinéma : 03 Mars 2010
Distributeur :
A 57 ans, Bad Blake, chanteur de country, vit toujours sur la route, jouant des vieux hits dans des bars de troisième zone et des salles de bowling. Ce qui lui reste de célébrité disparaît peu à peu. Le mieux qu'il puisse espérer aujourd'hui, c'est de faire la première partie de Tommy Sweet, qui fut son jeune protégé et à qui il a tout appris.
De petit concert en petit concert, la route de Bad suit son cours, jusqu'au soir où il fait la rencontre de Jean, journaliste locale. Bad s'attache plus que d'habitude. Même s'il ne fait aucune promesse, et que Jean, mère divorcée, sait qu'elle n'a rien à attendre de lui, ils reviennent sans cesse dans les bras l'un de l'autre.
Mais Bad, à peine capable de garder la tête hors de l'eau, est-il capable de s'occuper de qui que ce soit d'autre que lui ?
« The Dude is back »… Voilà ce qui traverse l’esprit quand apparait sur l’écran Bad Blake, chanteur de country sur le déclin, alcoolique et déprimé qui parcourt l’Amérique profonde dans une tournée sans fin des petites salles et des cafés sans charme de villes anonymes… Quand Jeff Bridges s’assoit avec un verre de whisky dans un bowling désert, c’est Jeffrey Lebowski vieilli, solitaire et angoissé qui apparait. Mais bien vite, le personnage de Bad Blake prend de la consistance, de l’ampleur, on pense même parfois avoir affaire à un biopic classique d’une légende déchue. Non, Bad Blake n’existe pas, en tout cas pas tel quel même s’il est sans doute inspiré de différentes anecdotes puisées dans la longue histoire de la country, musique toujours aussi populaire aux Etats-Unis.
A l’écoute de la fabuleuse bande-originale, on comprend d’ailleurs mieux cet engouement tant certaines mélodies, mélancoliques et lancinantes, bercent des textes qui racontent la vie de façon assez sombre mais réaliste, très simplement et très justement (« The Weary kind » est d’ailleurs nominé au titre de « meilleure chanson originale » aux Oscars). L’autre surprise, c’est de découvrir qu’en plus d’être un excellent acteur – ce rôle vaudra-t-il enfin à Jeff Bridges une petite statuette dorée pour sa 5eme nomination ? –, l’acteur texan a un joli grain de voix. Il donne à Bad Blake un supplément d’âme. Il n’est plus un simple loser pathétique, il est un anti-héros magnifique au charisme certes écorné mais toujours présent derrière les kilos en trop et la dépression bourbon…
La première demi-heure du film, l’introduction du personnage, est formidable avec une peinture à la fois tendre et cruelle de Bad Blake, ses frasques d’un soir avec des fans plus vraiment de la première fraicheur, sa gueule de bois permanente, son conflit larvé avec son producteur impuissant à canaliser la bête… Mais Scott Cooper, dont c’est la première réalisation, a construit son scénario comme un morceau de country, il fallait du sang et des larmes, des drames et une rédemption, un chemin de croix typiquement américain qui alourdit donc le film de bons sentiments mielleux, de prise de conscience douloureuse et d’amour impossible. Avec une réalisation des plus classiques (pour ne pas dire assez paresseuse !), le chemin vers la sagesse – et la sobriété - est assez sagement balisé pour Bad Blake mais évite tout de même avec une certaine habileté le trop-plein de pathos (sauf dans une scène où Maggie Gyllenhaal qui joue Jean, une jeune et jolie journaliste talentueuse, en fait beaucoup trop et où ses pleurs forcés ont provoqué un bel éclat de rire dans la salle !) Le plus intéressant est probablement la double relation père-fils que Bad Blake développe par substitution et avec le petit garçon de Jean et avec Tommy Sweet (un Colin Farrel trop humble pour être crédible), un chanteur en pleine gloire et dont Blake fut le mentor.
Sans Jeff Bridges au sommet de son art, jouant Bad Blake avec son cœur (fou !) et ses tripes, ce joli petit film n’aurait sans doute pas pris la même dimension tant il suit une trame assez éculée pour un film indé made in USA. Mais quand la country est bonne, quand la country donne, quand la country sonne sonne sonne, quand elle ne triche pas … alors elle peut guider les pas de ce diable de Bad Blake vers de nouveaux succès… Salut Bad et bon vent !
Emmanuel Pujol
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