Titre VO : Control
Un film de Tim Hunter avec Ray Liotta , Willem Dafoe , Stephen Rea , Tim DeKay , Mark Pickard
Genre : biographie - Durée : 1h30 - Année de production : 2004
Date de sortie en salle : inconnue
Distributeur :
La vie torturée du chanteur Ian Curtis, leader du groupe mythique de rock anglais des années 70 et 80, Joy Division. Tiraillé entre la célébrité, sa vie de famille et son amour pour une autre femme, Curtis s'est pendu à 23 ans, le 17 mai 1980, à la veille de la tournée américaine du groupe qui s'annonçait triomphale.
En ces temps où les lois gerbantes s'imposent comme autant de fleurs de béton, proposons à notre tour de muscler la règlementation sur le cinématographe, en interdisant dorénavant l'usage de la pellicule couleur, même pour les comédies de Claude Zidi, au profit unique de l'image noir et blanc. À condition de ne pas être traitées façon Sin city, les nuances de gris favorisent l'exaltation, l'émotion, l'implication su spectateur dans le film. Le noir et blanc est loin d'être la seule qualité de Control, mais c'est sans doute quand même son atout numéro 1. Refusant de céder à la mode du clippeur-qui-impose-son-staïle-bigarré-et-funky, Anton Corbijn propose un film esthétiquement irréprochable, dont l'image parvient à être fine et charbonneuse à la fois, et qui restitue parfaitement l'atmosphère des chansons de Joy Division. Pas tout à fait biopic sans être non plus une envolée façon Last days, le film est d'abord une plongée dans les obscurs tréfonds de la dépression. S'il est forcément question de musique ici, et pas n'importe laquelle, elle est d'abord considérée comme une souffrance, un exutoire ou un impératif avant d'être un plaisir et un art à part entière. Mi Pete Doherty mi Gainsbarre, Sam Riley prête à Ian Curtis sa parfaite gueule de petit oiseau suicidaire. La puissance elliptique du récit et la façon qu'a Corbijn de dire plus en un plan que certains en un roman est l'une des grandes forces du film. On pourra tout de même émettre quelques réserves sur la facette sentimentale du film, pas toujours très profonde, dont le côté «je t'aime moi non plus» aurait pu être amené avec plus de délicatesse et moins de redondance. Riley a un tel pouvoir hypnotique que l'on regrette presque de trop voir la pauvre Samantha Morton (qui a pourtant une vraie gueule et un sacré potentiel émotionnel). Reste que pour un premier long venu d'un spécialiste du vidéoclip, Control est une surprenante petite pépite, parfaitement en phase avec son titre. Ce qui n'est pas qu'un avantage.
Ca y est. Il est là . Le grand film de l'année s'est fait attendre mais il est bel et bien arrivé. Il s'appelle Control. Il est réalisé par Anton Corbijn. Un véritable esthète (je veux dire un qui a du goût et du talent) qui aime Joy Division et sa musique, qui aime Manchester et son désenchantement, qui aime Ian Curtis et son spleen déchirant. Le seul tort de cette équation, c'est qu'en magnifiant autant l'image, le spectateur non averti (je veux parler de celui qui n'aura pas un jour connu ou souhaiter connaître les tourments de Curtis) pourrait croire à une histoire un peu trop légèrement traitée. Une peu convenue. Presque fade. Sauf que toute la force du film réside dans cette retenue. La solitude, la poésie, les élans, le découragement, l'incompréhension, l'inspiration, les nuits sans sommeil, l'affrontement entre la peur et le désir de mort... tout est habilement et magistralement suggéré. Tout est parlant. Tout est touchant. Et puis il y a Sam Riley. A moins que ce ne soit Ian Curtis himself, revenu d'entre les morts. La question se pose tant la justesse (dans le jeu et le mimétisme) est impeccable, tant l'incarnation est absolue. Entre le réalisateur et son acteur principal, autant dire que Control a donné naissance à deux très grands talents...
Réalisateur mais surtout photographe, Anton Corbijn s'est fait connaitre grâce à ses clichés de stars noir et blanc, ultra-contrastés et très intenses, qu'il publie dans le magazine anglais «New Musical Express». Il réalise également plusieurs clips pour Depeche mode, Nick Cave and the Bad Seeds ou encore Joy Division, un groupe devenu culte pour lequel il éprouve une grande admiration. De sa rencontre avec le chanteur, Ian Curtis, prématurément disparu à l'âge de 23 ans, il gardera un souvenir ému qui le poussera à réaliser des années plus tard un film autour de sa vie. Aucune fausse note pour ce premier long intitulé «Control» : Sam Riley est absolument épatant de ressemblance et de justesse, incarnant si bien cet être mutique, éternellement adolescent et angoissé; l'utilisation de la bande originale est tout à fait cohérente bien que légèrement convenue(le Atmosphere pour accompagner la mort de Curtis était un peu attendu); l'époque y est magnifiquement retranscrite et quant à la photographie, c'est tout simplement l'atout majeur du film. En revanche, le traitement de l'histoire est bien trop banal pour que l'on puisse être rééllement bouleversé. C'est comme si Corbijn, trop omnubilé par l'aspect artistique et esthétique de son oeuvre, avait totalement occulté le fond. Le shéma classique du biopic (Enfance/succés/déchéance/rédemption) y est ici parfaitement exploité, sans aucune prise de risque quelconque, à ceci près que, bien évidemment, la fin n'a rien d'une happy end façon «Walk the line». La déception est grande car une telle existence n'a pourtant rien de banal et ne peut en aucun cas se résumer à un cliché d'ado fumant une cigarette dans sa chambre en écoutant du David Bowie. C'est pourtant bien ce que nous a livré Corbijn, avec une grande affection certes, mais surtout avec un cruel manque de regard.
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