Titre VO : Contre-enquête
Un film de Franck Mancuso avec Jean Dujardin , Laurent Lucas , Aurélien Recoing , Jean-Pierre Cassel , Jacques Frantz
Genre : policier - Durée : 1h25 - Année de production : 2006
Date de sortie cinéma : 07 Mars 2007
Distributeur :
Un flic brisé par le viol et le meurtre de sa fille reçoit une lettre de l'homme inculpé clamant son innocence. Il entame alors une enquête en solo.
Le vigilante flick n'était plus à la mode jusqu'à ce que A vif et Dead sentence assoient son renouveau après les essais Man on fire et Hard candy, 20 ans après son apogée. Le (sous)genre s'avèrant difficile tant les récurrentes critiques contre l'apologie de l'auto-justice plombent le résultat, on pouvait craindre le pire avec cette Contre-enquête, policier français (tout de suite, on pense à Julie Lescaut, Navarro et consorts) mené par un Jean Dujardin qui n'avait fait ses preuves dans le sérieux que par l'entremise du très beau Le Convoyeur. Le pire est-il arrivé ? eh bien non, Dieu soit loué.
Parce que Contre-enquête n'est pas à proprement parler un vigilante movie (pardon pour tous ces anglicismes...), la vengeance de Richard, le personnage incarné par l'excellent Jean Dujardin - c'est désormais une certitude -, étant expédiée sans une once de violence (même si mort s'en suit). Si vous vous attendez à un dernier quart d'heure façon Hostel, Captivity, ou Saw, passez votre chemin : Frank Mancuso, ancien policier, évite le piège de la violence gratuite d'une manière inattendue. Comment ? en jouant définitivement la carte de l'humain.
Avant d'être un film policier, Contre-enquête suit des personnages, animés par leurs sentiments et non par le mécanisme d'une procédure. Quels qu'ils soient, tous gravitent autour de Richard et de la peine rageuse qui le guide. Quand sa femme lui reproche son manque de communication (et qu'on se dit qu'il s'en fout pas mal de la mort de sa gamine), on ne perçoit pas la finalité de ce silence, de cet éloignement sentimental, qui trouvera sa justification dans les dernières minutes. Et sans le concours d'acteurs tous indéniablement bien dirigés, la dimension humaine ne serait pas ce qu'elle est.
Et heureusement qu'elle est ce qu'elle est, car pour le reste, si le film est sobrement mise en scène (un classicisme qui permet d'éviter ladite comparaison avec les commissaires télévisés), on ne peut pas en dire autant d'un scénario cousu de fil blanc, laissant des indices gros comme des parpaings sur le chemin du petit poucet : aucune surprise quant à l'issu, quant à la nature d'Heckman (Laurent Lucas, comme d'hab') : que voulez-vous croire après qu'il ait soigneusement caché une lettre dans la tringle à rideau de sa cellule ? comment peut-on passer à côté du lien entre la correspondante amoureuse et un nouveau témoin dans l'affaire ? Autant de secrets filmés comme tels (la révélation du médecin coupée juste à temps...) qui ne laissent que peu de place à un suspense sans relief, sans saveur. Et comme s'il voulait éviter ce reproche, Mancuso affaiblit la relation, sur le papier, perverse entre Dujardin et Lucas, histoire de ne pas se "griller".
Le film en pâtit lourdement, même si l'intérêt se porte plus sur l'affectif. Rétrospectivement, toute l'histoire puise sa force (relative, donc) dans cette obsession de Richard pour l'assassin de sa fille. Les dernières scènes nous le montrent dans toute son humanité, tout son chagrin (quel faible mot !!), mais surtout dans tout son désarroi quand il avoue pour ainsi dire l'impuissance et la vanité de son geste par un "je suis mort il y a 3 ans" qui sonne plus que jamais comme le cri de souffrance ultime. Impossible de ne pas l'entendre quand on est papa.
S'il est un acteur bankable surprenant, c'est bien Jean Dujardin. Il faut dire qu'avec sa réputation de comique à 2 balles, je ne m'attendais pas à le voir s'essayer aussi brillamment à certains registres. Mais en l'occurrence, Hubert Bonisseur de La Bath, Octave Parango et Richard Malinowski lui doivent beaucoup. Et ce n'est pas ici que le personnage de Malinowski (père rongé par le viol et la mort de sa fille) qui lui doit beaucoup, c'est Contre-enquête dans son ensemble. En effet, Mancuso propose un polar noir qui a tendance à virer au gris bien trop souvent. La faute incombe en grande partie à un scénario un peu trop prévisible et surtout qui n'exploite pas suffisamment la perversité de la relation qui lie Jean Dujardin et Laurent Lucas (parfait). Cela dit, la sobriété du jeu, des dialogues et de la mise en scène donnent un charme indéniable à ce petit film oubliable mais agréable.
Je ne suis pas du tout d'accord avec la presse, Jean Dujardin est poignant, je me suis complétement laissée emportée par cette terrible histoire. Et quel fin surprenante, on a mal au ventre avec ce père brisé... Un très bon polar français.
Difficile de parler de «Contre-enquête» sans trahir le principal. Cette première phrase elle-même est peut-être déjà de trop. Contre-enquête ressemble typiquement à un film policier français. Pas de superflics, juste des types comme vous et moi, avec une famille et des états d'âme. Bien qu'il soit policier, le héros du film (Jean Dujardin, passe-partout donc idéal) est d'abord un père de famille, ce que ne fait que renforcer l'avancée du film. Lorsque l'homme condamné pour le meurtre de sa fille lui écrit pour lui jurer son innocence, il va tout faire pour rouvrir le dossier et trouver le vrai coupable. Bien filmé, «Contre-enquête» souffre d'un déroulement un peu trop planplan, façon fiction policière du vendredi soir. Sauf qu'en considérant le film dans sa totalité, en le mastiquant pour bien le digérer, il s'avère que le film vaut mieux que cela. La monotonie du milieu du film finissant par s'autojustifier, on aurait presque tendance à l'excuser. Contre-enquête bénéficie en tout cas d'un casting fort en gueules, et surtout d'un très grand acteur, Laurent Lucas, qui promène son regard bleu tordu de film en film, semant le malaise comme d'autres les miettes de pain. Il donne à son personnage, faux coupable ambigu, une profondeur insensée et un visage franchement effrayant. On n'en dira pas plus : critiquer «Contre-enquête», c'est nuire au fonctionnement d'un divertissement de bonne facture qui gagne à être découvert sans préjugé ni information supplémentaire.
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