Titre VO : Killing Them Softly
Un film de Andrew Dominik avec Brad Pitt , Scoot McNairy , James Gandolfini , Richard Jenkins , Ray Liotta
Genre : thriller - Durée : 1h37 - Année de production : 2012
Date de sortie cinéma : 05 Décembre 2012
Distributeur :
Lorsqu'une partie de poker illégale est braquée, c'est tout le monde des bas-fonds de la pègre qui est menacé. Les caïds de la Mafia font appel à Jackie Cogan pour trouver les coupables. Mais entre des commanditaires indécis, des escrocs à la petite semaine, des assassins fatigués et ceux qui ont fomenté le coup, Cogan va avoir du mal à garder le contrôle d'une situation qui dégénère...
Je me sens démuni au moment de commencer cette critique : Andrew Dominik, le réalisateur du très remarqué L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, est un nouveau venu à Cannes. Je ne pourrais donc pas vous égrener son impressionnant palmarès au Festival en guise d’introduction et dois donc entrer directement dans la vif du sujet.
Cogan, la mort en douce (titre VF moins frappant que l’original qui rappelle une célèbre chanson des Fugees) est le premier film noir de l’ère Obama (en me relisant, je me rends compte que cette remarque est peut-être un peu limite mais l’ayant écrit sans arrière-pensée, je la conserve telle quelle). Avec son sous-texte politique permanent – le film qui se déroule lors de la campagne présidentielle américaine, à la veille donc de l’élection du nouveau président démocrate est émaillée d’extraits de discours du candidat Obama –, le réalisateur néo-zélandais déconstruit le mythe du rêve américain dans un polar tendu mais très bavard. C’est bien simple : hormis quelques éclats de violence fulgurante, la majorité du film se résume à des conversations dans des voitures ou dans des bars entre deux personnages. On pourrait craindre l’ennui, c’est la plupart du temps passionnant et réjouissant.
Oscillant entre Quentin Tarantino (pour l’art des dialogues à la Jacky Brown), Martin Scorsese (pour la description de la mafia) et les Frères Coen (pour un humour caustique et absurde), allant même lorgner du côté de James Gray lors d’une poursuite en voitures sous la pluie battante, Killing Them Softly multiplie les influences en les assumant pour devenir un film à la fois très moderne et hors du temps (les voitures, les costumes et la bande-son suggèrent que le film pourrait se passer dans les années 60), jouant sur les codes de l’American way of life, comme le faisait, en moins abouti, Lawless, le western de la prohibition aussi en compétition.
Porté par des acteurs forts en gueule – mené par un Brad Pitt en grande forme secondé par Richard Jenkins, Ray Liotta, James Gandolfini, Vincent Curatola, Sam Shepard, Ben Mendelsohn – et offrant quelques scènes de bravoure marquantes – notamment une scène de braquage d’une tension hallucinante -, Killing Them Softly se referme surtout sur une réplique définitive et d’un cynisme sans fond qui risque fort de rester dans les annales*
Emmanuel Pujol
*NDLR : SPOILER je ne peux m’empêcher de citer cette dernière phrase balancée comme si de rien n’était par Brad Pitt : « America’s not a country, it’s a business… So pay me » Si ça, ça ne pue pas la classe !
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