Titre VO : Celda 211
Un film de Daniel Monzon avec Luis Tosar , Alberto Amman , Antonio Resines , Carlos Bardem , Manuel Moron
Genre : thriller - Durée : 1h53 - Année de production : 2009
Date de sortie cinéma : 04 Août 2010
Distributeur :
Juan est un jeune maton. Par zèle, il visite la prison un jour avant son affectation. Sa bonne
volonté ne sera par récompensée : c'est justement ce jour-là que les prisonniers du Quartier de Haute Sécurité ont choisi pour organiser une mutinerie. Une seule chance de survie s'offre à lui : se faire passer pour un prisonnier nouvellement incarcéré.
Si je vous dis « film de prison multi-récompensé » (dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur et meilleur espoir masculin), vous me répondrez certainement Le Prophète de Jacques Audiard et vous n’auriez pas tort. Mais le film qui nous intéresse aujourd’hui, Cellule 211, est un film espagnol qui a tout raflé à la dernière cérémonie des Goya, l’équivalent ibérique des Césars.
S’ils partagent évidemment le même thème, les deux films sont toutefois assez radicalement différents. Si le film de Jacques Audiard ne reniait pas ses ambitions de cinéma d’auteur, celui de Daniel Monzon (réalisateur inconnu de ce côté-ci des Pyrénées, ses deux premiers films y étant restés inédits) s’assume comme un pur thriller à huis-clos étouffant, une série B violente et prenante. Pourquoi Cellule 211 ? C’est là que va se retrouver enfermé bien malgré lui Juan, jeune gardien de prison venu par zèle découvrir son nouveau lieu de travail la veille de sa prise de fonction et qui va se retrouver au cœur d’une mutinerie. L’enjeu pour lui est simple : s’il veut survivre, il faut faire croire aux autres détenus et par-dessus tout à leur meneur Malamadre (« mauvaise mère » en espagnol) qu’il est un dangereux criminel comme eux.
Dans une atmosphère étouffante, la tension va peu à peu monter entre prisonniers et matons autour des différentes revendications des insurgés qui détiennent en otage trois terroristes de l’organisation basque de l’ETA. Daniel Monzon en profite pour saupoudrer ce pur film de prison d’un sous texte politique toutefois assez maladroitement traité tant il semble plus être un prétexte scénaristique qu’un véritable enjeu. Il n’empêche que cet artifice a au moins le mérite d’ancrer le film dans un contexte politique réaliste. Plus inutiles encore sont les flashes-back au pathos appuyé qui présente la relation quasi-idyllique entre Juan et sa charmante épouse, enceinte de 6 mois – ils ont le tort de faire retomber inutilement la pression et la sensation d’urgence et de menace qui traverse le récit. Mais toute la force de Daniel Monzon est de donner un rythme assez soutenu et intense au film pour faire oublier au spectateur les invraisemblances et failles du scénario. Il faut reconnaitre que Jorge GuerricaechevarrÃa, scénariste attitré d’Alex de la Iglesia et qui adapte ici un texte du romancier Francisco Pérez Gandul, n’hésite pas parfois à utiliser de grosses ficelles pour faire rebondir l’intrigue de façon presque artificielle.
Mais ce qui emporte définitivement l’adhésion autour de cette Cellule 211 - tournée en numérique caméra à l’épaule et à hauteur d’hommes -, c’est son casting de gueules cassées et de vraies tronches, de Luis Tosar impressionnant en meneur psychopathe ultra-violent à Alberto Amman qui vaut bien plus que juste sa joli gueule sans oublier Antonio Resines en gardien d’une violence répréhensible ou Carlos Bardem (frère de…) en taupe latino bodybuildé. Leur interprétation d’une justesse jamais démentie (seul petit bémol pour Luis Zahera qui en fait trop dans son rôle de débile léger) donne aux personnages une belle consistance et une véritable humanité. Cela offre aussi au film un supplément d’âme évident en lui évitant de sombrer dans un schématisme manichéen qui aurait présenté tous les matons comme des pervers violents et tous les prisonniers comme plus « humains » que les apparences ne semblaient le montrer.
Voilà donc un film choc qui ne s’embarrasse de psychologie superflue et présente un tableau sombre et d’une violence assez inouïe de la vie en prison et des rapports en force y existant. Après 2h d’incarcération en Cellule 211, on espère que rien ne nous conduira jamais entre les 4 murs d’une prison.
Emmanuel Pujol
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