Titre VO : Cassandra's Dream
Un film de Woody Allen avec Colin Farrell , Ewan McGregor , Tom Wilkinson , Mark Umbers , John Benfield
Genre : comédie - Durée : 1h48 - Année de production : 2007
Date de sortie cinéma : 31 Octobre 2007
Distributeur :
Deux frères, en proie à des difficultés financières, deviennent criminels. Ils seront bientôt ennemis l'un pour l'autre.
L’histoire ? Terry et Ian, deux frères, issus d’une famille modeste, très complices mais aussi forts différents (l’un est mécanicien et joueur invétéré, l’autre est plus réfléchi et plus intellectuel) décident de faire une petite folie en acquérant un bateau de plaisance qu’ils décident de baptiser « le rêve de Cassandre ». Rien à voir avec les dons de prophétie que possédait dans la mythologie la fille du roi de Troie, Priam. Non, c’est juste le nom du lévrier, côté à 60 contre 1, sur lequel a parié -et gagné- Terry le flambeur. Tout commence d’ailleurs pour le mieux : un bateau donc, de la chance aux jeux pour Terry, une rencontre avec une jeune et belle actrice et des projets immobiliers ambitieux pour Ian. Tout cela est évidemment trop beau pour être vrai et on sent sourdre l’inéluctable chute, l’imparable tragédie qui viendra par l’incontournable oncle d’Amérique, ici un directeur fortuné et apparemment bienveillant de cliniques de chigurgie esthétique, qui accepte de venir en aide financière à ses deux neveux en échange d’un menu service qu’il serait inconvenant de révéler ici.
Le tout est accompagné de la musique doucereuse et entêtante de Philip Glass, un habitué des B.O. (The hours, Kundun). Par contre, c’est une grande première pour Woody Allen qui n’avait encore jamais demandé une musique originale pour l’un de ses films, préférant piocher bien souvent dans le répertoire de son jazz adoré.
Le tout forme un film abouti qui sonde l’âme humaine sans apporter de réponses définitives : c’est au spectateur de se forger sa propre opinion, de trouver son chemin, de déterminer sa limite entre le bien et le mal. « Le rêve de Cassandre » est un film qui hantera sûrement longtemps les nuits noires des cinéphiles.
Et maintenant, vivement 2008 pour savoir ce que le soleil catalan aura inspiré à Maître Woody.
par Emmanuel Pujol
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Jusqu'où seriez-vous prêt à aller pour réaliser le rêve de votre vie ou pour vous sortir d'une situation catastrophique ? Comme Match Point, le nouveau Woody Allen est résolument dramatique et s'intéresse à la façon dont l'argent et l'ambition peuvent transformer des gens, a priori, ordinaires. Implacable, le scénario suit le terrible cas de conscience de ces deux héros plongés malgré eux en pleine tragédie, ça ne rigole pas, on est à mille lieues de Scoop, la dernière comédie du maître mais l'histoire est prenante et ça fait plaisir à voir Colin Farrell bien jouer...
Il est courant de voir le nom de Woody Allen associé à celui de Claude Chabrol, non pour les points communs entre leurs films, mais plutôt parce que les deux hommes continuent malgré leur âge à nous proposer un film par an. Deux stakhanovistes pépères (à moins que ce soit l'inverse) dont les récentes pondaisons ont connu des fortunes diverses. Avec Le Rêve de Cassandre, cependant, Woody n'a jamais été aussi proche de ce bon vieux Claude. Son dernier film ressemble en tout point à l'une des meilleures oeuvres du réalisateur français, La cérémonie. Même duo désargenté quasiment prêt à tout pour s'en tirer. Même peinture alternée d'une bourgeoisie crasse et d'une misère poisseuse. Même imminence du drame. Pourtant, c'est bien de Woody Allen dont il s'agit, celui qui a décidé de se renouveler coûte que coûte en explorant notamment les chemins du polar. Il exploite à merveille son sens inné de la narration, et l'on réalise à peine qu'il ne se passe rien pendant la première demi-heure. Colin Farrell et Ewan McGregor sont deux frangins très convaincants, et leur lente dérive dans le sordide est assez convaincante. Comme dans Match point, son film référence des années 2000, organise cette descente aux enfers avec le brio méthodique qui le caractérise. Sauf que... si sur le moment il n'y a pas grand chose à redire, la conclusion abrupte du Rêve de Cassandre laisse salement pantois et donne à reconsidérer l'ensemble. Dans Match point, Allen savait exactement où il voulait nous amener (vrai-faux happy-end délicieusement répugnant, morale perverse et rigolarde sur un sujet s'y prêtant peu), et la vision multiple mettait encore plus en valeur la finesse de la sauce Woody. Ici, le new-yorkais nous impose une fin un peu bricolée, qui semble avoir été posée là parce qu'il fallait bien en finir, et dont le côté frustrant n'a absolument rien de délectable. Avec un peu de suite dans les idées, on réalise soudain que ce côté «apposons une conclusion sordide pour donner au spectateur ce qu'il veut» est typique d'un certain Claude Chabrol. Pas sûr que la convergence des deux cinéastes soit forcément une bonne nouvelle.
Nouveau Woody Allen, qui porte encore une fois la marque Allen. Après des dizaines de films à son actif, Woody Allen fait toujours l'évenement à chaque nouveau film mais le réalisateur ne serait il pas en train de tourner en rond. Après avoir légèrement changer de schéma avec Match Point ou encore Scoop qui restait assez classique, Le Rêve de Cassandre s'annonçait prometteur dans le sens où l'histoire nous laissait présager un écartement du classique Allen. Même si le début du film nous oriente dans ce sens, la marque Allen vient vite reprendre sa place. Dialogue long et repétitif, action longuement attendue et très vite expédiée et fin qui nous laisse sur notre faim. Bref un Woody Allen des plus classiques même si on sent parfois qu'il a essayé de s'en démarquer. Bien sur le film possède ses atouts, le talent d'Allen de réunir deux grandes stars, ici Evan McGregor et Colin Farrel, qui possèdent une véritable alchimie et qui livrent tous deux des prestations irréprochables, épaulés de près par un Tom Wilkinson un peu sous exploité. Le film repose donc entièrement sur les relations de ces deux acteurs, qui avançent dans une intrigue des plus classiques. Un bon Woody Allen, mais sans plus, une révisite de son savoir faire, encore une fois.
Oui alors bien sûr, Le Rêve de Cassandre c'est mieux que Melinda & Melinda. Mais c'est tellement moins abouti que Match Point, c'est tellement moins tendre que Tout Le Monde Dit I Love You, c'est tellement moins drôle que Escroc Mais Pas Trop et tellement moi Woody Allen que Annie Hall, Alice ou Meurtre Mystérieux à Manhattan. Bref, Le Rêve de Cassandre est un Woody Allen qui se noit dans la masse. Comme le génial Gainsbourg a fait des albums qui se noyaient dans la masse de chefs d'oeuvre.... Il faut dire qu'au lieu de sa récente muse (Scarlett Johansson), Monsieur Allen s'est alloué les services de l'endive Farell et du mignonet McGregor bien peu convaincant dans ce scénario faiblard qui a de plus le tort d'être comparable (et comparé) à 7h58, Ce Samedi Là qui n'est autre que le dernier film de Sidney Lumet. Une histoire de frères, ni drôle, ni intrigante, plutôt insipide (à l'image de la mise en scène) et un peu longuette, voilà qui résume assez bien Le Rêve de Cassandre. Alors, j'ai beau me ranger dans le camp des fans qui aiment inconditionnellement Woody Allen, force est d'admettre qu'il n'a pas forcé son talent cette fois-ci...
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