Titre VO : Captifs
Un film de Yann Gozlan avec Eric Savin , Arié Elmaleh , Ivan Franek , Igor Skreblin , Philippe Krhajac
Genre : Thriller - Durée : 1h24 - Année de production : 2009
Date de sortie cinéma : 06 Octobre 2010
Distributeur :
Carole est membre d'une équipe humanitaire dont la mission dans les Balkans touche à sa fin. Sur le chemin du retour, elle et ses deux co-équipiers sont brutalement attaqués et enlevés par des criminels aux motivations inconnues. Qui sont ces ravisseurs ? Que veulent-ils vraiment ? La vérité va se révéler terrifiante
Encore une tentative de film de genre made in France, Captifs ? Certes mais cette fois, c’est un plaisir non feint de constater l’efficacité du premier film de Yann Gozlan. Avec une grande humilité, sans chercher à révolutionner le genre, sans sous-texte politique ou philosophique maladroit, Captifs offre 1h25 de tension et d’angoisse plus psychologique que physique. Loin du torture porn gratuit à la Hostel que vend bien maladroitement l’affiche du film - qui de plus présente un sérieux air de déjà -vu (je vous laisse trouver tout seul à quels autres tentatives de genre à la française je fais allusion), Captifs est en réalité plus un thriller flirtant avec le survival sur 20 dernières minutes explosives (petit regret, un climax final un peu faible et une conclusion peut être pas assez radicale qui semble ne pas assumer la noirceur de tout ce qui a précédé) qu’un film d’horreur gore.
L’histoire ? Trois médecins humanitaires s’apprêtent à rentrer chez eux à la fin d’une mission dans les Balkans quand ils sont sauvagement kidnappés par des hommes masqués. Quels sont les motivations des ravisseurs ? Pourquoi les prisonniers sont-ils nourris et soignés ? C’est tout l’enjeu de la première partie du film qui enferme véritablement le spectateur avec Carole, confinée dans sa cellule de fortune. Le choix de Yann Gozlan de jouer sur un regard subjectif pour que le spectateur s’identifie au personnage principal est judicieusement renforcé d’un remarquable travail sur le son. Rythmé par la sonnerie d’un vieux téléphone qui n’annonce que des mauvaises nouvelles, le calvaire de Carole est vu uniquement à travers ses yeux et ses oreilles – lors de l’enlèvement, le seul son qui se fait entendre est d’ailleurs la musique de son lecteur MP3 comme si le spectateur était dans la peau de Carole.
Avec une grande économie de moyens, sans effets ostentatoires, Yann Gozlan se contente – et c’est déjà beaucoup – de dérouler une histoire cohérente et même crédible. Inspiré de faits réels assez terrifiants, le film évite le piège du grand-guignol pour se concentrer sur le cœur de son récit. Bien sur, certaines scènes feront leur petit effet mais jamais la violence n’est gratuite.
Le film n’évite pas certaines maladresses – notamment une scène d’introduction présentant un traumatisme d’enfance de l’héroïne (comme si tout personnage de film de genre devait avoir subir un évènement grave dans sa jeunesse) censé apporter un plus à la personnalité de Carole et expliquer certaines de ses phobies qui ne fonctionne pas vraiment – mais cela ne nuit globalement pas à la réussite de ce film modeste mais diablement prenant. Loin de réinventer le genre ou d’en proposer une approche particulièrement originale, Yann Gozlan chez qui l’on sent une véritable cinéphilie et un goût prononcé pour Polanski livre avec Captifs un film au classicisme assumé et qui, s’il n’atteint jamais des sommets de stress, offre sont lot de rebondissements et de sursauts d’angoisse. En bref, enfin un film qui donne ce qu’il promet, ni plus ni moins.
Servi avec talent et conviction par une Zoé Felix à contre-emploi qui porte le film sur ses jolies épaules (accompagnée entre autres par le trop rare Eric Savin), voilà enfin un film de genre français réussi. Alors pourquoi se priver de ces captivants Captifs ?
Emmanuel Pujol
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