Titre VO : Blue Valentine
Un film de Derek Cianfrance avec Ryan Gosling , Mike Vogel , John Doman , Marshall Johnson , Jen Jones
Genre : drame - Durée : 1h54 - Année de production : 2010
Date de sortie cinéma : 15 Juin 2011
Distributeur :
A travers une galerie d'instants volés, passés ou présents, l'histoire d'un amour que l'on pensait avoir trouvé, et qui pourtant s'échappe Dean et Cindy se remémorent les bons moments de leur histoire et se donnent encore une chance, le temps d'une nuit, pour sauver leur mariage vacillant.
Non, l’histoire que nous raconte Derek Cianfrance dans son second long métrage (13 ans après le totalement inédit en France Brother Tied) n’a rien d’original. Oui, les histoires d’amour finissent mal en général, seuls les incurables romantiques qui se bercent de douces illusions du type « Mais non, nous, ça ne nous arrivera jamais, notre histoire est si différente des autres » croient encore en l’amour éternel*. Enfin, à la décharge de ces derniers, il faut bien leur reconnaitre une circonstance atténuante : les scénaristes de romcom, surtout américaines, font tout sauf raconter des histoires d’amour crédibles.
Alors, d’accord, c’est aussi la magie du cinéma de faire croire à leurs spectatrices soudain transformées en petites filles qui rêvent de leur prince charmant beau, intelligent, drôle, fidèle et riche (si, si, tout ça) que de tels hommes existent. Mais il n’est jamais désagréable qu’un réalisateur fasse de temps en temps aussi une douloureuse piqûre de rappel, qu’aux doux et magiques moments du début succèdent souvent la difficulté d’un couple à dépasser les problèmes du quotidien, à entretenir la flamme vacillante d’un amour qui s’en va sans que personne ne sache vraiment pourquoi et comment, sans qu’il y ait véritablement un coupable désigné autre que l’usure naturelle du temps…
Faisant explicitement référence à un titre de Tom Waits qui n’aurait pas dépareillé sur la BO du film (composée par Grizzly Bear, groupe hipster s’il en est), le film de Derek Cianfrance est une tragédie banale et poignante, le lent délitement d’un couple raconté en entrecroisant passé et présent qui se répondent de manière très fluide, du coup de foudre imparable à la séparation inéluctable entre Dean et Cindy (c’est pas possible, ces deux prénoms, ça fait comédie musicale cheap et ringarde). Asphyxiant, sans concession et porté par Michelle Williams et Ryan Gosling – décidément, le meilleur comédien américain de sa génération - deux acteurs à l’alchimie évidente et d’une incroyable justesse, Blue Valentine émeut au plus profond.
Grâce à la justesse d’écriture d’un scénario qui a connu pas moins de 57 versions (le film a mis … onze ans à se faire !), grâce aussi à sa sincérité et à son réalisme poignant, le film parvient même à faire oublier ses tics très « Sundance » de cinéma indépendant made in USA.
On s’est connus, on s’est reconnus, on s’est perdus de vue, on s’est retrouvés puis on s’est séparés dans le tourbillon de la vie. Ainsi le chantait Jeanne Moreau, ainsi l’illustre Blue Valentine dont le très beau générique de fin finira de déprimer pour de bon toute midinette qui sommeille en vous…
Emmanuel Pujol
*NDLR : Moi, cynique ? Si peu, allons, allons…
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