Titre VO : Deliria
Un film de Michele Soavi avec David Brandon , Domenico Fiore , Mickey Knox , Giovanni Lombardo Radice , Martin Philip
Genre : fantastique - Durée : 1h31 - Année de production : 1986
Date de sortie cinéma : 11 Mars 1987
En à peine quatre films au compteur, Michele Soavi s'est taillé une réputation plus que flatteuse, malheureusement principalement du côté de la critique et des amateurs de cinéma transalpin. Ce qui l'a en quelque sorte poussé à œuvrer pour la télé, avec plus ou moins de bonheur. Pourtant, ses films font montre d'une profondeur rare, tel le vertigineux Dellamorte Dellamore. Et ce Bloody Bird, tardivement remis en circuit via le DVD.
Comme ça, Bloody Bird pourrait ne s'apparenter qu'à un vulgaire slasher venu s'ajouter à la longue liste des sombres nanars qui pullulaient sur les rayons des vidéoclubs. Avec son tueur à tête de hibou, ses acteurs craignos, et son gimmick musical hard rock, Bloody Bird a tout pour tomber dans l'oubli ou rejoindre les pages du bouquin de JPP (Jean-Pierre Putters) les Craignos monsters. Mais non, car Soavi détourne ces défauts avec humour, ironie, et une thématique de la mise en abîme qui prendra toute son ampleur dans Dellamorte Dellamore.
En ouverture : un chat noir, une pute, des éclairages argentien, un meurtre, un bonhomme à tête de hibou qui jaillit du noir et se met à danser. Le grotesque de la mise en scène, du montage, de la direction d'acteur, prend alors de la distance dès lors que l'on comprend que l'on est en train d'assister à une comédie musicale, dont la pitoyable qualité n'est pas dû à Soavi mais au metteur en scène du «film dans le film». Les acteurs sont mauvais dans Bloody Bird ? oui, parce que dans le film, ce sont des comédiens au chômage sans talent. L'histoire est bidon ? oui, parce que le metteur en scène n'a lui non plus aucun talent (de son propre aveu). Et c'est le point de départ d'un constant questionnement sur la véracité de l'image, qui prend une réelle dimension dans la scène où le meurtrier, maintenant dans le costume du personnage du hibou-man dans la pièce, doit, selon les didascalies hurlées par le dramaturge, tuer la prostituée. Ce qu'il fait, à coup couteau, sous le regard à la fois admiratif devant tant de réalisme et apeuré des autres comédiens.
Soavi désamorce dans un premier temps la notion de réalisme pour ensuite la mettre en abîme par des procédés certes classiques (effets de miroir, jeu de masques, envers du décor) mais d'une efficacité toute baroque. Si le déroulement de l'intrigue s'avère une banale chasse à l'homme ponctuée de meurtres d'une belle sauvagerie (membres arrachées à la hache, à la tronçonneuse, éventration,...), celle-ci n'en demeure pas moins passionnante dans l'approfondissement thématique précédemment évoqué et surtout par rapport au rythme apposé qui ne laisse guère de répit.
Au final, Bloody Bird, à l'instar d'Halloween et Massacre à la tronçonneuse, explicitement cités, fait figure de film concept, mettant en avant une conception du cinéma, au travers de la métaphore théâtrale, qui peut faire froid dans le dos. Il n'en reste pas moins qu'avec ses défauts typiques du cinéma d'horreur des 80s (mais comme je l'ai dit, parodiés), Bloody Bird apparaît comme un petit classique qui mérite d'être urgemment réévalué.
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