Blackthorn

Blackthorn, l'oraison funèbre de Butch Cassidy

Et si l'histoire officielle ne disait pas la vérité ? Si Butch Cassidy, le fameux outlaw immortalisé par Paul Newman dans Butch Cassidy et le kid de George Roy Hill en 1969, n'était en réalité pas mort en 1908 en Bolivie mais qu'il avait survécu et qu'il s'était caché sous le nom de James Blackthorn pendant 20 ans dans ce pays d'Amérique du Sud ? C'est la fiction qu'a imaginé ici le scénariste attitré d'Amenabar, Mateo Gil.

Butch Cassidy est donc bel et bien en vie mais au crépuscule de son existence, il n'aspire plus qu'à une chose, rentrer chez lui aux Etats-Unis et rencontrer son fils, qu'il n'a jamais vu, avant de mourir. Ses plans de retraite paisible vont toutefois être contrariés quand il fait la rencontre d'un jeune ingénieur qui vient de braquer la mine dans laquelle il travaillait. Blackthorn va être obligé de faire équipe avec lui, dans un premier temps, par obligation, puis, à mesure que des liens d'amitié vont se tisser entre eux, voire des rapports presque filiaux entre deux générations de bandits ne répondant toutefois pas au même code d'honneur, par camaraderie. Mais la trahison, le double jeu et les faux semblants ne sont jamais bien loin…

Western crépusculaire nimbé de la lumière éblouissante de la Bolivie (voire aveuglante dans le désert), chevauchée mortifère vers une rédemption libératrice, Blackthorn est une réussite assez inattendue avec un Sam Shepard parfait dans les bottes du bandit vieillissant face à Eduardo Noriega, jeune loup aux dents longues. Seul vrai bémol, les flashbacks qui n'apportent pas grand-chose à l'histoire - avec une photographie un peu flou, pas très adroite pour suggérer le temps passé et surtout  des acteurs sans charisme. A trop vouloir expliciter le passé du renégat plutôt que de simplement le suggérer, Mateo Gil alourdit inutilement son film et en perd parfois le fil de sa narration. C'est d'autant plus étrange que le reste du film est parfaitement maitrisé, alternant superbes plans larges et scènes plus intimistes.

Heureusement, la dernière chevauchée de Butch Cassidy fait bien vite oublier ses quelques maladresses et emporte le spectateur à la vitesse d'un cheval au galop sur les traces d'une légende de l'ouest qui n'en finit plus de refuser de mourir… En selle !

Emmanuel Pujol