American Teen

American Teen, peinture réaliste de la jeunesse américaine

La réalisatrice a donc suivi pendant leur dernière année de lycée (high school au pays du prédisent Bush) quatre adolescents aux profils très différents et aux personnalités opposées. Elle a soigneusement sélectionné ses « acteurs » pour représenter toutes les figures imposées de chaque lycée américain qui se respecte, à savoir la reine de beauté (Megan, plutôt laide mais vraie garce qui cache un traumatisme familial), le sportif sympa (Colin, basketteur qui doit a tout prix être repéré par un « scout » d’une université car ses parents ne peuvent pas lui payer d’études supérieures), le geek de la fanfare (Joseph, des boutons pleins les joues et une timidité maladive) et une rockeuse rêveuse et rebelle, la plus attachante du lot (Hannah qui ne rêve que de s’échapper de son trou perdu de l’Indiana et de faire du cinéma). Ces quatre-là vont se croiser, parfois se côtoyer, rarement se parler, avec comme enjeu commun - et fil directeur du film – l’ambition d’être accepté dans l’université de leur choix.

On se croit parfois en pleine sitcom pour ados (les nostalgiques de mon âge se souviennent sûrement avec émotion de Zack, Kelly, Scritch, Liza, Jessie et Slater, les héros de « Sauvés par le Gong ») avec tous les stéréotypes de base : amours déçus, trahisons entre copines, bal de fin d’année, match décisif et haletant de basketball, so on and so forth... Mais le tout est vraiment filmé avec justesse, sans jugement et avec une réelle tendresse, une profonde empathie pour ses « personnages ». Nanette Burstein se permet même une initiative originale et bienvenue en illustrant sous forme de dessins animés très graphiques les états d’âme de cette jeunesse bouillonnante d’espoir, de colère et de rébellion, pleine de vie en somme.

On sent le mal être poindre sous l’arrogance, l’importance de l’apparence dans cette petite communauté où tout se sait instantanément car où tout se communique par SMS et mails. Ce témoignage réaliste, ce documentaire construit et monté comme une fiction, est une peinture probablement assez représentative de la jeunesse de l’Amérique profonde d’aujourd’hui. Parfois caricatural, souvent juste, toujours tendre, le film est sociologiquement et culturellement passionnant de bout en bout.

Emmanuel Pujol